Construisons pour tous
Lorsqu’on parle de construction adaptée aux handicapés, certains s’imaginent des installations compliquées voire inaccessibles aux non handicapés pour ne pas dire privilégiant les handicapés. Non, la construction adaptée est une construction adaptée à tous, jeunes ou vieux, sportifs ou oisifs, en possession de tous leurs moyens ou souffrant d’un handicap momentané ou permanent. A ce propos il faut savoir que seul 15 % des personnes handicapées le sont de naissance, les autres le sont suite à un accident, à une maladie ou simplement le deviennent avec l’âge… et sur ce dernier point nous sommes plus ou moins tous concernés.
Aujourd’hui, architectes et promoteurs se plaignent d’êtres soumis à de nombreuses contraintes mais dans une architecture moderne, privilégiant les espaces ouverts et le contact, garantir l’accessibilité à tous ne devrait plus être vu comme une contrainte mais bien comme une chance de donner une autre dimension aux lieux de vie, de travail, de loisirs. Garantir l’accessibilité c’est aussi encourager la mixité, les rencontres, l’échange. Garantir l’accessibilité physique en éliminant les barrières architecturales c’est aussi éliminer les barrières psychiques voire sociales.
Dans ce sens cette citation de Charles Gardou, professeur à l’université Lumière-Lyon, prend toute sa valeur : « Les barrières matérielles à l’accessibilité ont un important pouvoir symbolique, tant pour les citoyens handicapés que pour les autres : les projets dont la conception tient compte des besoins des premiers s’avèrent également plus adaptés aux attentes de la « moyenne générale » de la population : les enfants en bas âge, les personnes transportant des bagages ou utilisant des caddies, les femmes enceintes, les personnes âgées… ».
Pour nous il n’a jamais été question d’imposer mais bien de convaincre du bien fondé des exigences en matière de construction adaptée. Il ne s’agit pas d’un combat, d’où sortent souvent des perdants mais pas toujours des gagnants, mais d’un travail d’explication et de sensibilisation. Nous aurions aussi pu mettre au pilori des mauvais élèves, nous préférons montrer ce dont sont capables les autres.
Emmanuel de Tscharner
Président de l’AVACAH